15.VIII.11, Kerla.
Dévoré à petites dents ciselées le « Fou de Marie » (*) de Pierre Tanguy. Je n'avais pour ainsi dire lu qu'un seul haïku de cet auteur mais ce personnage qui retourne en son chêne le plus souvent qu'il le peut et «épouse les rêves des hommes», ses mots qui viennent à ses lèvres comme des petites bêtes, ça me botte. Un fou de plus dans nos campagnes, le bien est fou, le mal est fou, la vierge : folle.
50000 jeunes de France foncent aux JMJ à Madrid, 11% très exactement de la totalité des nigauds attendus. Combien vont tomber dans le péché de chair, lors de ce festival de chants et de transes où se trémoussent des escouades de poitrines offertes à la lance, se lèvent des bataillons d'idées hautement postérieures, s’incrustent des membres gonflés à bloc par la secte ? Impossible à dire, disons qu'il y en aura bien une partie.
C'est pas très bon pour moi, je me radicalise question curée, peut-être parce que j'attends d'être enfin seul à m’absoudre. La nature mirobolante s'étend bien plus vite que les liserons qui fleurissent, ici où là, et que je ne peux arracher de moi ; en réalité ce que j’arrache est ce que j'écris là, indécrottable ver luisant des fraudes à la liberté d’écrire.
« Je ne sais pas si les machines à laver sont ouvertes la nuit » dit-elle ; on se tire la langue comme on écrit un poème, comme on enferme un songe ou on dilapide une soirée d'été.
S’invaginent alors un pont à la dérive, un arc de pierre sans une flèche pour étendre le linge, un rêve qui a déteint partout, des machines ouvertes, bourrées à l'eau de Javel.
Toujours hurlant dans un tambour vide à côté, je te salue, lavé de mes péchés, fripé, dégouliné, avec ces vers de mon tonneau.
(*) Pierre Tanguy, Fou de Marie, Ed. La Part commune, 2009.
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