vendredi 13 juillet 2012

Thérèse de Lisieux


Les nourritures spirituelles [extrait]
Thérèse de Lisieux


<< (...) Depuis longtemps je me nourrissais de « la pure farine » contenue dans l’Imitation, c’était le seul livre qui me fit du bien, car je n’avais pas encore trouvé les trésors cachés dans l’Evangile. Is 45,3 Je savais par cœur presque tous les chapitres de ma chère Imitation, ce petit livre ne me quittait jamais ; en été, je le portais dans ma poche, en hiver, dans mon manchon, aussi était-il devenu traditionnel ; chez ma Tante on s’en amusait beaucoup et l’ouvrant au hasard, on me faisait réciter le chapitre qui se trouvait devant les yeux. A quatorze ans, avec mon désir de science, le Bon Dieu trouva qu’il était nécessaire de joindre « à la pure farine » du « miel et de l’huile en abondance. » Ce miel et cette huile, il me les fit trouver dans les conférences de Monsieur l’abbé Arminjon, sur la fin du monde présent et les mystères de la vie future. Ce livre avait été prêté à Papa par mes chères carmélites, aussi contrairement à mon [47v°] habitude (car je ne lisais pas les livres de papa) je demandai à le lire.

Cette lecture fut encore une des plus grandes grâces de ma vie, je la fis à la fenêtre de ma chambre d’étude, et l’impression que j’en ressens est trop intime et trop douce pour que je puisse la rendre… Toutes les grandes vérités de la religion, les mystères de l’éternité, plongeaient mon âme dans un bonheur qui n’était pas de la terre… 1Co 2,9 Je pressentais déjà ce que Dieu réserve à ceux qui l’aiment (non pas avec l’œil de l’homme mais avec celui du cœur) et voyant que les récompenses éternelles n’avaient nulle proportion avec les légers sacrifices de la vie je voulais aimer, aimer Jésus avec passion, lui donner mille marques d’amour pendant que je le pouvais encore… Gn 15,1 Je copiai plusieurs passages sur le parfait amour et sur la réception que le Bon Dieu doit faire à ses élus au moment où Lui-même deviendra leur grande et éternelle récompense, je redisais sans cesse les paroles d’amour qui avaient embrasé mon cœur. >>